L'eau qui coule.
Chaude.
Mes yeux sont fermés, je profite de la douce chaleur du liquide transparent sur mes muscles. J'y reste un long moment, seul dans nos quartiers privés. Marianne n'est pas revenue après avoir accompagné Telagan et ma conversation avec Staft a pris plus de temps que je ne le pensais.
Je sors finalement de la salle d'eau attenante à la chambre. La douche est placée derrière le lit, laissant ainsi loisir au partenaire d'admirer son amant(e) lorsqu'il n'est pas avec lui. Je noue une serviette autour de mes reins avant d'avancer dans la pièce et m'arrêter sur la décoration qui est loin d'être désagréable.Le mobilier est taillé dans ce qui semble être un bois sombre de grande qualité, différents objets sont posés dessus, des souvenirs pour nous autres immortels. Je m'avance sur la terrasse qui donne à nouveau une vue magnifique sur la ville de nuit.
J'ai mis du temps, moi aussi avant de réaliser que j'étais en sécurité ici et à comprendre que cette ville nous appartenait bel et bien, souffle Marianne à quelques mètres de moi.
C'est que je ne me lasse pas de la regarder... J'ai l'impression d'avoir passé une éternité dans "cette chose."
Et moi une éternité à attendre que tu tiennes ta promesse...
Mon visage se tourne subitement à cette phrase et j'ai la surprise de voir des larmes couler sur le visage de la femme que j'aime plus que tout au monde aujourd'hui. Mon cœur se serre à cette vision, et j'avance vers elle pour caresser sa joue et essuyer ses larmes d'une main douce. Je la fixe avec un doux sourire, mes yeux se teintant de la seule lueur d'amour que j'ai toujours eu en la regardant.
Je suis là, maintenant... Et plus jamais je ne te laisserai. Je te le promets.
Un temps,
Tu te rappelles, lorsque nous nous sommes quittés avant le combat contre Asophos. Je t'ai promis de ne pas mourir. Tu m'as serré maladroitement dans tes bras...
Un rire de nous deux devant ce moment plutôt gênant.
À dire vrai, je ne savais pas dans quoi je m'engageais si je cédais à tes avances... sourit-elle.
Mon baiser a eu l'air de te décider... J'embrasse si bien que ça ? Dis-je en posant mes mains sur ses hanches et en m'approchant de ses lèvres à nouveau.
Crétin ! S'exclame t-elle en me donnant un léger coup de poing sur l'épaule et en s'écartant.
Je hausse les sourcils, récupérant son poignet pour la faire à nouveau tourner vers moi, souriant,
Je n'ai jamais eu le temps de te le dire, mais cette mine gênée me fait fondre totalement... Toi qui est si fière et inaccessible au combat, je retrouve une femme totalement différente lorsque tu es dans mes bras.
C'est que...
Je me doute être l'un des seuls hommes que tu as connu et n'ayant pas de mauvaises intentions à ton égard, dis-je avec un sourire doux.
Mes lèvres glissent jusqu'aux siennes pour lui voler un baiser doux qui se transforme rapidement en un baiser amoureux et passionné, laissant mes lèvres dans son cou puis près de son oreille pour murmurer :
Quoique... Concernant de mauvaises pensées...
Malgré sa pâleur lunaire, la gêne vient colorer ses joues et je me prends un nouveau coup qui me fait éclater de rire tandis qu'elle m'insulte à nouveau pour mes taquineries. Pourtant nos corps se rapprochent pour s'enlacer et tomber dans le lit. Les vêtements se soustraient pour nous laisser nus entre les draps qui recouvrent par partie notre nudité. Nos cœurs, nos souffles s'accélèrent dans cette étreinte amoureuse. Elle me laisse sans souffle en dessous d'elle, ses mains posées sur mon torse, je ne peux que sourire alors qu'elle glisse pour venir se loger entre mes bras forts, mes muscles bandés par les efforts de notre union divine. Mon souffle redevient progressivement normal alors que je murmure :
Tu es le soleil de mes jours et la lumière de mes nuits...
Qui aurait cru que le Gardien Démon soit romantique, dit-elle taquine bien que flattée.
Quand on est enfin avec son âme sœur, je crois que c'est symptomatique.
Je hausse un sourcil avant de m'étonner moi même de ce que je viens de dire.
Je savais qu'Alias avait une mauvaise influence sur toi avec son jargon médical...
Nous rions ensemble avant de repartir dans de nouvelles étreintes brûlantes tandis que le soleil se lève enfin sur la ville. Le sommeil nous appelle tous deux, Marianne entre mes bras.
Je la sens remuer quelques heures plus tard. Comme prise dans un mauvais rêve. J'ouvre un œil, son visage est contracté, je ne sais pas si je dois la réveiller ou non. Elle ouvre un oeil dans son songe et j'y vois la teinte complètement différente de ses iris bleu d'origines. Au contraire ils ont la teinte du diamant. Elle a une vision. Telagan m'a dit que réveiller quelqu'un ayant une vision peut être dangereux, aussi j'attends tout en me relevant légèrement sur un coude. Après quelques minutes, elle ouvre les yeux, légèrement perdue, je la rassure de ma voix.
Je suis là... Tu as eu...
Une vision. Oui... Comme tu me l'as dit avant la bataille, il suffisait que je crois en moi et en elles. Elles se déclenchent aléatoirement parfois dans mon sommeil.
Qu'as-tu vu si ce n'est pas indiscret ?
À nouveau ses joues se teintent d'une rougeur. Après une hésitation, elle souffle :
Je ne sais pas si c'est possible... Mais... J'ai vu un bébé. On me le posait sur la poitrine, une...
Petite fille aux cheveux bruns comme les tiens...et aux yeux rouges comme les miens.
Elle lève le regard vers moi, surprise :
Que...?
Elle m'a aidé à sortir de ma "prison". Tu es enceinte Marianne, dis-je en glissant ma main sur son ventre.
Elle se relève à moitié sous la surprise,
Quoi ? Mais c'est impossible ! Je ne peux pas avoir d'enfants du fait de mon immortalité ! Les vampires n'ont pas d'enfants, à moins de transformer quelqu'un d'autre...
C'est sans compter d'avoir un amant avec le sang démoniaque le plus pur du Multivers et capable de beaucoup de miracles... Dis-je en la ramenant vers moi.
Le choc encore présent, elle se laisse glisser entre mes bras à nouveau, et nous regardons Alpha depuis notre lit. Je souffle :
Tout est possible quand nous croyons en nous. Nous sommes des Dieux.
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