Tour des Divins - Appartements Gabriel & Marianne

Admin Messages : 216 Date d'inscription : 25/03/2015 Age : 33

Nous arrivons devant l'une de ces immenses portes qui pourraient refermer mille et un secret. Les deux portes s'ouvrent sur mon passage et une voix immatérielle mais féminine nous parle :

Bonjour Gabriel, souhaitez-vous quelque chose pour améliorer votre confort ?

Derrière mes talons, je laisse le Voyageur entendre distinctement :

Verrouille les portes et ne laisse personne entrer.

Les portes se ferment et semblent se verrouiller. Je m'approche du mur ensuite pour accéder à la mémoire de l'IA qui matérialise des petits disques de différentes couleurs. J'enlève deux de ces derniers et l'IA souffle :

Si vous ne remettez pas mes disques, j''entrerai en mode sommeil dans quinze secondes, personne ne pourra m'envoyer de signaux et je ne pourrais donc pas vous les transmettre.

Très bien.

J'avance dans le long couloir qui mène à différentes pièces dont mon bureau dans lequel je laisse entrer le Voyageur. Celui-ci est vaste et un grand bureau trône au fond, derrière une immense baie vitrée qui donne une nouvelle vue sur la Capitale. Une table de réunion est installée plus pour l'ambiance que pour le travail. A dire vrai, je n'ai encore jamais mis les pieds ici.

Je fais signe au Voyageur de s'installer dans un des fauteuils en cuir design devant le bureau avant de passer derrière le bureau pour m'assoir dans mon propre fauteuil en cuir sombre. Cette ambiance fait très formelle et si nous n'étions pas entouré de murs et que je n'étais pas derrière ce bureau massif, je jurerais que j'attendrai les ordres dans une tente de mercenaires. Je repense à Miguel soudain et mon regard se teinte d'une lueur de nostalgie. J'émets finalement un bruit de gorge signifiant que nous pouvons commencer.

J'ai désactivé la technologie pouvant permettre un quelconque piratage de Staft qui je dois l'admettre est assez incontrôlable au quotidien bien qu'il semble vouloir faire bien. Marianne le surveillera durant notre conversation. Nous sommes donc en privé.

Je réitère donc mes propos, de quoi voulez-vous parler Voyageur ? Ou plutôt devrais-je vous appeler par un autre nom ? La Source ? Kaen ?

Mon regard se fait interrogateur.

Messages : 33 Date d'inscription : 29/03/2015

"Le Voyageur suffira," dis-je en ajustant ma position dans le fauteuil.

Je pose mon bâton contre le bureau avec un geste lent visant à limiter l'éclat sonore du bois. Je fixe alors Gabriel presque allègre et bienheureux de me retrouver face à lui, et dans ces circonstances qui rajoutent, étrangement, à ma félicité.

Je croise mes mains sur le bureau lorsque je suis certain que nous ne sommes plus dans l'agitation dû à notre déplacement.

"La raison de ma venue, brusquée par les évènements récents, est en relation plus ou moins direct avec le fait que malgré toutes tes précautions de façade, nous savons tous deux que nous ne sommes pas dans un espace véritablement privé, en tout cas pas à l'esprit intrusif de Staft.

Et je t'en prie, nous nous connaissons tous deux depuis bien trop longtemps pour nous lester du poids d'un vouvoiement formalisé."

Avant que mon assertion ne soit contestée, j'explicite.

"Nous savons que sur ce monde les Centiliens d'origine ont le pouvoir de lire la réalité. Non pas exactement comme Meshia, mais d'une manière relativement similaire pour la bonne et simple raison que tu l'as autorisé.

Nous ne sommes pas dupes non plus de la nature de menteur et de tricheur de Staft qui usera et abusera de ta mansuétude pour son bon plaisir de t'humilier. Après tout, il est l'héritier de l'Artisan et prouve encore sa filiation spirituelle en prenant des pseudonymes pour cacher son identité."

Mon argument exposé, je réitère.

"Bien que je connaisse le tracas de la manoeuvre et puisse comprendre ta répugnance à influencer sur ton incarnat que tu veux ouvert à tous, je demande comme un service mutuellement profitable de garantir l'illisibilité de ce pan de ta dimension à tout autre personne que nous."

Il peut tout à fait rejeter ma requête mais je pense, sincérement, qu'il a tout intérêt à aller jusqu'au bout de la fermeté dont il a fait preuve tout à l'heure, si ce n'est pas déjà fait.

Admin Messages : 216 Date d'inscription : 25/03/2015 Age : 33

Mes sourcils se froncent à ses paroles. Mon regard s'assombrit lorsqu'il compare Staft à l'Artisan et appuie que je me fais humilier par lui pour son propre plaisir, de quel droit ? J'émets un simple sifflement désapprobateur mais je le laisse continuer. A sa demande, je réponds simplement :

Pourquoi?

Ma voix est étonnamment froide et mes yeux se plissent comme si j'attendais la liste des représailles si jamais je refusais.

Messages : 33 Date d'inscription : 29/03/2015

"Pour les mêmes raisons que tu n'as pas insisté pour qu'il reste et que tu as accepté de venir ici plutôt que de rester au-dessus de la tour.

Staft ne te respecte pas et il en sera ainsi tant que tu n'auras pas démontrer ton statut de garant de l'Ordre. Ce qui fait de lui... la plus grande menace d'Alpha, tant quant à sa survie quantique, à sa nature utopique et à son projet de voir germer un Gardien digne de ce nom.

L'égo de Staft est trop grand pour donner le moindre espace à ces jeunes pousses. Je ne pense pas que tu me contrediras là-dessus.

Peut-on, donc, parler véritablement en privé ?"

La seconde demande se doit d'être la dernière, je comprendrai tout atermoiement comme un refus pur et simple de l'idée.

Admin Messages : 216 Date d'inscription : 25/03/2015 Age : 33

Cette fois-ci je me lève de mon siège, le regard encore plus sombre pour le fixer droit sur mon interlocuteur,

Arrête de charger Staft de tous les méfaits du Multivers. Si j'ai accepté de venir ici pour parler et n'ai pas insisté pour qu'il reste c'est uniquement pour lui montrer qu'il peut perdre. Même avec moi qui suis son seul ami. Nous avions décidé de ne pas venir te voir, il a donné son accord, il a désobéi, il a loupé sa chance. Je sais au moment même où nous parlons qu'il crève d'envie de nous rejoindre ou de nous écouter par un quelconque moyen.

Je me pose contre le bureau cette fois,

Mais il ne le fera pas. Parce que j'ai confiance en lui et lui aussi, même si ça peut paraître étrange. Il n'est pas l'Artisan et si tu répète encore une fois ne serait qu'une allusion à ça je te fous mon poing dans la gueule et te fais bouffer ton bâton par le cul.

Mes mains serrent le bureau pour aider à contrôler ma colère naissante de me faire commander à tout va ou de me faire sermonner comme un gamin,

Tu n'es pas ici pour faire ton chef. C'est moi le chef ici avec les autres puissants que je ne vais pas déranger pour que tu t'amuses à semer la discorde avec tes paroles digne de Galu le Sage. Donc si tu veux continuer à parler c'est ici même. C'est mon incarnat. Ces appartements sont privés, et ce bureau encore plus. Donc accouche et arrête de me faire perdre mon temps dans des déplacements inutiles.

Un sourire s'étire, plutôt mauvais,

Bien que j'ai pris ma retraite centilienne, j'ai encore une liste de choses longue comme le Multivers à faire.

Messages : 33 Date d'inscription : 29/03/2015

Plus blasé que déçu, je prends, cette fois, plus de temps pour être certain de me faire comprendre.

"Oh vraiment ? Et pourtant ce monde est si petit que je n'ai pas pu faire deux pas sans tomber sur toi ou un autre de tes dieux. Et je crains qu'il n'y ait pas grand chose d'autre à voir.

Et la raison à cela est que tu n'es pas le chef. C'est pour ça que je suis venu ici, pour que tu cesses cette farce grotesque qui poussera Alpha à s'effondrer sur elle-même comme tant d'autres réalités que j'ai vu. Je suis venu pour que tu montes enfin, réellement sur le trône. Et ça a toujours été mon objectif ! Mais ta veulerie te pousse à ne faire qu'imiter le pouvoir parce que tu n'as pas les couilles d'assumer les responsabilités qu'il implique !"

Je frappe fort parce que je frappe vrai.

"Mais merde à la fin, c'est quoi ce bordel ? Les Alphaïens ne sont que de pâles copies de ton égo dont la présumée bonté d'âme n'est que le fruit du lavage de cerveau que tu opères sur eux par le même procédé qu'utilise Staft pour nous écouter au moment où nous parlons, je peux te le garantir. Et je ne crois pas une seconde à ta fausse naïveté sur le sujet."

Je me lève à mon tour, pointant du doigt cette fois-ci.

"Il n'est qu'un seul moyen de prendre le pouvoir et tu le connais bien. Je t'ai présenté la coupe mais tu as refusé de la boire et pour faire quoi finalement ? Cet ersatz de réalité dont tu as passé l'âge de te satisfaire !"

Plus franc, j'explique enfin mon offre.

"Je suis venu te demander de prendre le pouvoir de La Source. De devenir, non pas Kaen, mais ce qui l'a crée, de la modeler à ton image, ainsi que tous ceux que tu hais aveuglément. Mais pour cela il te faudrait renoncer à ce que tu es et à ce paradis artificiel que tu t'es créé avec Marianne.

Et surtout, il te faudrait endosser la responsabilité du Multivers, et ça... ça te fait peur. Tu choisis la facilité quitte à provoquer la chute d'Alpha avec toi plutôt que de renoncer et de pérenniser ton rêve.

Ce n'est pas ce que j'ai vu en toi.

Ce n'est pas ce pourquoi tu t'es battu depuis tant d'années.

Prends le pouvoir de la Source : énonce les limites et fais venir à toi les héros qui deviendront tes Gardiens."

Ma main est presque tendue, mais c'est à lui de prendre ce qui je lui ai déjà offert. Le choix n'est pas évident, c'est Marianne contre l'avenir d'Alpha.

Admin Messages : 216 Date d'inscription : 25/03/2015 Age : 33

Mes cheveux sombres trahissent la pâleur que mon visage prend au fil des secondes où il débite. Si je n'avais pas le bureau derrière moi, je crois que je me serais écroulé sous la tonne de poids que je me traîne depuis que je suis né sur Centile et que je parcours le Multivers. Et ma mémoire s'amuse à ce jeu pervers en faisant affluer tous mes souvenirs, mes combats, mes idées. Je détourne le regard de lui comme pour lever un voile de protection. Un air coupable se dessine sur mon visage où la souffrance se lit. Oui j'ai renoncé à ce pouvoir car je n'en suis pas digne. Ou parce que oui, je suis trop faible, j'ai cédé aux pulsions humaines qui me constituent : la peur, le doute,...

Au fond de moi je sais que je traîne un poids encore plus gros, un poids qui est responsable des larmes de Marianne. Les larmes qu'elle a eu l'honnêteté de me montrer l'autre fois lorsque nous avons été plus intimes que jamais. Ma respiration s'est accélérée et mes traits sont crispés.

Je ne peux pas l'abandonner encore une fois... Soufflé-je. Elle est heureuse, ici, elle a tout ce qu'elle a toujours voulu... et moi aussi...

Les Horazoniens, les Alphas, les Gardiens, tous les autres... Je ne peux pas les laisser comme ça. Encore une fois... Ils ont travaillé dur pour avoir tout ça...

Ma voix tressaille, mon cœur s'emballe. Je relève les yeux vers lui, plein de souffrance,

Centile m'a fait trop mal...

Mes yeux se ferment sous l'horrible souvenir de ce que "j'ai fait", il remue sourdement en moi comme pour se libérer mais je refuse de l'accepter. Je sens cette "honte" s'accrocher à chaque goutte de sang qui me constitue et me fouetter de l'intérieur.

*Pourquoi moi... Je n'ai pas eu les tripes de boire dans cette coupe... Pourquoi aurais-je les tripes de ne pas renoncer une deuxième fois ?*

Ma voix tremble et je relève les yeux sur Le Voyageur, contrôlant ma souffrance quelques secondes :

Est-ce que tout ça n'est pas réel ?

A travers cette question, mon coeur accélère et je n'ai que Marianne en tête. Sommes nous dans le mensonge? Pourquoi dois-je la sacrifier ?

Messages : 33 Date d'inscription : 29/03/2015

Je dodeline de la tête et touche le bureau en me rasseyant comme par fatigue.

"Ça l'est, d'une certaine façon. Mais tout n'a pas la même densité de réel. Je pourrais par exemple briser le coin de ce bureau d'un seul coup de poignet si je forçais la réalité, car tu me l'autoriserais.

Tout cela fragilise ton incarnat dans son ensemble car, comme Staft l'avait justement dit, une dimension s'effondre lorsqu'elle est confrontée à trop de paradoxes."

Je me fais moins percutant dans mon ton pour tenter de ne pas trop remuer les vieilles blessures, mais il faut aussi dire les choses.

"Je vois en ce monde un de tes derniers actes de résistance pour ne pas voir ce qui, en revanche, est d'une réalité cruellement dense : tu as fait le choix de les abandonner tous par le passé. C'est là le sort terrible de ceux qui ont dû tenir le rôle du méchant, leurs tords ne peuvent plus être lavés passé un certain point.

Si tu regardes bien autour de toi, ce monde a plus des airs de Sono ou de purgatoire, ou de paradis pour âmes tourmentées comme ceux de La Source. Un rêve portant un rôle cathartique et qui semble vrai tant qu'on est plongé dedans."

En cela, Galu est allé bien au-delà de ses promesses dans le monde qu'il lui a offert.

Je regarde le sol, tout aussi affecté le côté tragique de la chose.

"Tu ne pourras pas obtenir ton salut grâce à Alpha. La trace que tu as laissée dans le Multivers est gravé dans la pierre ou le sera bientôt.

Mais en devant La Volonté du Multivers, tu pourras montrer à d'autres que la Voie du Mal, bien que séduisante, n'est qu'une malédiction."

Admin Messages : 216 Date d'inscription : 25/03/2015 Age : 33

Mes lèvres se serrent, ma gorge est sèche mais je finis par relever les yeux sur lui avec un sourire, dans mes yeux transparaît la culpabilité mais aussi l'apaisement, l'acceptation de mon sort.

Si telle est ma punition de rester ici et voir tous mes projets avorter, l'amour débordant de ceux que j'ai abandonné qui m'inspire un profond dégoût de moi-même et qui me donne envie de m'arracher chaque centimètre carré de peau pour la voir repousser...et me donner envie de recommencer... pour souffrir... Vraiment ressentir la souffrance.

...On pourrait me fouetter jusqu'aux os, m'ouvrir entièrement, jouer avec mes entrailles et me laisser cicatriser pour mieux me faire souffrir... Je l'accepte car ce n'est que justice pour eux. Pour ce que j'ai fait. Mais au contraire je suis enfermé dans le bonheur et ça me rend malade de l'intérieur, je sais que je vais lentement devenir fou ici car Centile me colle à la peau. Te voir m'a excité les sens. Je me dégoûte rien qu'à cette pensée, on dirait un vulgaire drogué dont les narines frémissent devant du sucre.

Je ferme de nouveau les yeux, pour respirer, haletant,

Mais s'il y a bien une chose à laquelle je ne renoncerai pas. Plus jamais... C'est Marianne.

Je rouvre les yeux, ils sont sombres et sanglants,

Plus jamais je ne la ferais souffrir. Je préfère qu'Alpha s'effondre, ce n'est qu'un incarnat que je pourrais rebâtir ailleurs. Contrairement au bonheur de cette femme qui m'a accepté comme je suis et qui me suis depuis mes débuts.

Je ne sais pas s'il a sa réponse, mais il est clair que mon choix est fait. Mon Royaume pour cette femme. Oui sans une once d'hésitation. Même si je dois subir mille et une torture physique, psychique et que sais-je encore. Plus jamais je ne la laisserai derrière moi.

Messages : 33 Date d'inscription : 29/03/2015

Je reste le visage fermé comme une poupée de cire incapable de sortir de sa léthargie. Le sentiment de solitude et de déception achève donc ainsi son cycle.

Je repense à ses siècles, à ses années, à tout ce temps, à cette montagne de travail que j'ai abattu pour un résultat nul. Ou tel je le perçois en cet instant. Comme de voir des enfants que l'on a fait naître, que l'on a éduqué, fait grandir et à qui on espérait donner les clés de la voiture, convaincu de leur maturité d'adulte, pour finalement ne voir qu'un refus adolescent aux relents puérils et s'entendre dire qu'ils préfèrent le skateboard.

Moi qui voulais montrer que nous pouvions tous être maître de son destin, qu'il n'appartenait qu'à nous de choisir notre voie, que l'on pouvait être tout ce que l'on souhaitait pour peu que l'on se batte pour le réaliser et, surtout, qu'on ne devait pas ranger ni se laisser ranger dans une case, je vois venir à moi un monde où l'on catégorise en classes. Mon regard glisse sur l'insigne à mon brassard, un monde où l'on n'invente pas les codes mais où on reprend les vieux symboles, les vieilles idéologies. Un monde où le peuple, sous un vernis de diversité factice et asceptisée, a subis un lavage de cerveaux pour n'agir que comme un seul être.

Sans différences puisque sans différends.

Je voulais faire réfléchir sur l'intolérance, la colonisation, le pouvoir, la démocratie, la xénophobie, le mérite, la justice et toutes ces idées, dynamiques, qui forgent les grandes épopées. Voilà venir à moi des amourettes solidifiées par le ciment de l'absence d'alternative.

Il me semble, en cet instant, être en total empathie avec Victor Frankestein lorsque sa créature - son oeuvre à qu'il avait donné la vie en triomphant de la sexualité - lui demanda de concevoir pour lui une femme. As-tu senti, toi aussi, Victor, la douleur d'une ingratitude te ronger sans t'autoriser, comble du malheur, à la condamner ? As-tu perdu la Foi en ton propre jugement ?

Toi aussi, en tout cas, tu as sûrement baissé les bras, après avoir combattu si longtemps pour le progrés, en voyant tes héritiers incapables de poursuivre ton oeuvre. Tu n'as pas cédé à la haine, ni la rage, ni même la désespérance.

Tu as tiré un trait. Tu as regardé, comme je le fais maintenant, une dernière fois ta création pour y trouver le maigre soulagement de son incompatibilité avec le reste du monde.

Je brise enfin mon masque de statue pour prononcer quelques ultimes paroles.

"Tant que tu y crois...

Miséricorde à celui qui embrasse son miroir car il faut fermer les yeux bien fort pour oublier que ses lèvres ne touchent que du verre."

Je voudrais lui dire la vérité : que Marianne m'appartient et qu'elle m'a toujours appartenu. Mais qui suis-je pour briser les rêves ?

Je me lève lentement, prenant la résolution de ne pas tendre la main une seconde fois.

"Pour autant que l'existence de ce monde n'a pas mon blanc-seing, je comprends ses raisons.

J'imagine que nous ne nous reverrons plus même si ma porte ne sera pas tout à fait fermée.

Je dirais bien "que Kaen te protège" mais il me semble que seul un "Adieu" convient.

Adieu donc, Gabriel."

Ne laissant que le temps des formules de politesse, je me tourne vers la porte du bureau pour sortir.

Derrière, il n'est rien que le salon que Gabriel avait trouvé en entrant. Aucun vieil homme, aucun vêtement, pas même un enregistrement sur circuit-interne ou trace de pas. Tout comme je suis apparu du néant, j'y suis retourné sans rien laisser derrière moi que des souvenirs.

Et un bâton, toujours posé contre le bureau de Gabriel. Ce sceptre de bois si simple, à la fois intriguant et innocent. Un bâton dont on dirait que la masse à son extrémité supérieure révèle pour la première fois quelque chose de figuratif à mieux y regarder.

Dans les entralacs noueux, pour l'oeil avisé, il voit un animal massif dans un amas filandreux.

Une baleine dans les nuages.

Admin Messages : 216 Date d'inscription : 25/03/2015 Age : 33

Ses dernières paroles me font frissonner l'échine. J'ai les yeux fermés quand je devine qu'il quitte Alpha.

C'est mon destin d'être ici. Voici mon parachute doré même si j'aurais des moments malheureux. Ici, je continuerai à inventer.

Je repense à la réunion d'aujourd'hui, tous jugent les alphaiens. Mais je suis persuadé qu'ils arriveront à avancer et se dépasser. Ils ne sont pas vieux. Retrouvons-nous dans cent ans vieil homme, et tu verras par toi-même que même emprisonné dans un rêve douceâtre, je continuerai à me rebeller contre Centile en construisant ce qu'elle a en horreur : des rebelles qui ne croient pas en une déesse unique et des disciples plus pourris les uns que les autres.

Assez des marionnettes. J'émets un léger sifflement lorsque je vois l'animal familier dans la boule du bâton. Je fous un coup de pied dedans qui l'envoie rouler par terre sous un meuble. Non, je ne veux plus de paroles mielleuses et de mains tendues. Tout ça n'est que du poison centilien, moi Gabriel je raccroche tout ça. Je suis fier des mes origines, mais je ne veux plus de chaîne et il n'y a qu'ici que je n'en aurais plus.

Je laisse les novices et fervents de nouvelles aventures me dépasser avec plaisir et fierté. J'ai atteint les limites qui me constituent. Je suis terminé et je ne souhaite que le repos.

J'ouvre la fenêtre pour m'envoler et chercher Marianne et Staft. L'Armure Absolue les repère rapidement. Je les rejoins.

Messages : 65 Date d'inscription : 08/04/2015

Alors que tu quittes ce monde, déçu de voir ainsi
ton travail détruit par ce que tu considères comme la paresse, l’incompréhension et obstination de tes enfants,

Tu ne peux cependant t'empêcher de jeter un dernier regard sur ce monde.

Et tu vois cette âme.
Divina à n'en pas douter ... mais pourquoi sentirais-tu son esprit en particulier.

Ta vision s'approche d'elle.
Dans le temple de la Culture.

Installée au piano, elle joue un air que malgré les millénaires passés de ton existence, tu n'avais encore jamais entendu.

Les instruments à ces côtés jouent sans aide, guidé par la pensée de la Déesse de l'amour maternelle.

Une musique qui fait vibrer ta conscience jusque dans les tréfonds de ton non-être.

Comment cette jeune personne pourrait-elle te faire vibrer ainsi ?

Jouant les yeux fermés, elle accompagne la musique de sa voix d'un timbre parfait.

La langue qu'elle utilise n'est pas du centilien.
Mais tu ne peux t'empêcher de penser que c'est grâce à ces paroles que cette musique prend toute son ampleur.

Elle ouvre les yeux et te fixe.
Elle te sent.
Elle te sourit.
Elle sent ton abattement et t'envoie une vague d'espoir.

Cette musique t'est destinée...

Soit seulement patient ... l'aube viendra ...

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